Expertise contre discours patronal : Le motif économique contesté !
- Publié le
Le cabinet d’expertise missionné par le CSE remet en cause la légitimité du projet de réorganisation présenté par la direction. Contrairement à l’analyse de l’employeur, l’expert considère que Prodigious ne peut être dissociée des agences créatives de Publicis. Selon lui, les activités, les moyens et les clientèles sont étroitement imbriqués, ce qui rend le périmètre d’activité retenu par la direction inadapté et artificiel.
Sur le plan économique, les conclusions de l’expert contredisent frontalement les affirmations de la direction. Aucune perte comptable n’a été enregistrée ces trois dernières années, et les documents fournis par l’entreprise ne permettent pas de démontrer une situation économique dégradée au sens légal (300 salarié·es ou plus = 4 trimestres consécutifs). Les prévisions internes montrent d’ailleurs un retour à la rentabilité dès 2026, même sans mise en œuvre du PSE.
L’expert alerte également sur la méthode employée. Le projet est conduit dans l’urgence, sans évaluation préalable des effets sur la santé, la charge de travail ou les risques psychosociaux. Cette précipitation génère de l’insécurité pour les salarié·es, d’autant plus que la direction ne prévoit aucun dispositif concret pour limiter l’impact humain de la réorganisation.
Sur le volet social, l’expertise estime que les mesures proposées sont très en deçà de ce que le Groupe Publicis pourrait engager. Les catégories professionnelles retenues sont floues, les critères d’ordre reposent en partie sur une évaluation subjective, et les délais de candidature ne respectent pas les obligations légales. Aucun accompagnement digne de ce nom n’est prévu pour les salarié·es concerné·es, malgré les moyens financiers importants du Groupe.
Sur tous les grands axes du projet, l’expert et la direction présente une réalité opposée.
Là où l’expert voit une intégration forte entre Prodigious et les agences, la direction maintient une séparation fonctionnelle qui ne correspond pas aux réalités de terrain.
Là où l’expert relève l’absence de pertes et un manque de transparence sur les données économiques, la direction insiste sur une prétendue dégradation structurelle, sans fournir les éléments nécessaires pour l’étayer.
Sur la question de la compétitivité, l’expert souligne l’absence de chiffrage concernant l’impact de l’intelligence artificielle. De son côté, la direction utilise l’IA comme justification stratégique sans démonstration concrète ni plan d’adaptation clair.
Enfin, l’expert juge les mesures sociales insuffisantes et inadaptées, alors que la direction les présente comme équilibrées et conformes.
Sujet | Expert·e | Direction |
---|---|---|
Secteur d’activité | Prodigious fait corps avec les agences | Activité distincte de production |
Difficultés économiques | Non démontrées | Dégradation structurelle avancée |
Compétitivité/IA | Aucun chiffrage | Réorganisation « nécessaire » |
Prévention des risques | Trop générique | Des outils en place selon la direction |
Méthode | Trop rapide, sans évaluation | Conforme à la procédure |
Traitement social | Incomplet et insuffisant | Ajustements possibles mais rien de concret |
Info’Com-CGT continue de dénoncer un projet sans fondement économique avéré, mené dans la précipitation, sans évaluation sérieuse des impacts pour les salarié·es, et accompagné de mesures sociales largement insuffisantes, sauf si des améliorations substantielles ont été intégrées depuis la réunion du 27 juin.
Malgré la signature de l’accord, la procédure reste en suspens tant que la DRIEETS ne l’a pas homologué. Le groupe Publicis avait les moyens d’éviter un PSE et de faire assumer aux salarié·es des choix de l’entreprise. Ce projet aurait dû être suspendu tant que les risques n’étaient pas évalués. De surcroît, le choix de la délocalisation vers l’Île Maurice et autres, pourrait contraindre les travailleur·ses éligibles au PSE à former leurs successeur·es comme se fût le cas chez Publicis Resources. Pour la CGT, c’est un un acte d’un cynisme profond qui nuit gravement au moral et au bien-être collectif.
Info’Com-CGT exige un chiffrage précis de l’impact de l’intelligence artificielle, une évaluation rigoureuse de la charge de travail, ainsi qu’un plan social à la hauteur des moyens du Groupe : préretraites, indemnités renforcées et accompagnement digne doivent en être les piliers.