Comité de groupe SIPA-Ouest-France : La question des correspondants locaux de presse (CLP) est posée sur la table

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Réunis le 24 novembre 2022 en comité de groupe, les élus délégués de chaque filiale du Groupe SIPA Ouest France ont évoqué le sort des correspondants locaux de presse (CLP). Compte-rendu par les élus Publihedbos d’Info’Com-CGT, désignés au Comité de Groupe Sipa-Ouest-France

Alors qu’à Publihebdos, le nombre de correspondants est estimé à un millier, au journal Ouest-France, ils sont 2 000 au total : 1 600 locaux et 400 sportifs.

Christian Lerosier, rédacteur en chef délégué en charge du réseau de correspondants à Ouest France, est venu présenter les travaux entamés à l’échelle du journal qui reste le premier quotidien français*

Premier constat évoqué : le vieillissement des correspondants et les difficultés de « recrutement ». Des difficultés visiblement plus marquées dans les zones péri-urbaines et en zones très rurales à faible activité économique. « C’est un phénomène qui n’est pas nouveau mais qui s’amplifie ». En 2021, Ouest France a enregistré 160 « départs » de correspondants et 205 « recrutements ».

Wanted correspondants

La direction a donc décidé de travailler sur le renforcement du réseau en 2022, l’occasion comme évoqué « d’ouvrir la boîte à idées ». Un groupe de travail avec différents responsables de rédaction s’est formé avant l’été dernier, et plusieurs actions ont été mises en place : des tests d’atelier d’écriture. « Nous avons proposé de rédiger un portrait de femme de 5 000 signes. On attendant au mieux 100, et nous avons eu 160 retours, permettant d’engager un certain nombre de contacts ».

A Quimper, de même est-il prévu des ateliers d’écriture auprès des abonnés sur le thème « écrire pour la presse ».

Autre axe de travail pour la recherche de correspondants à Ouest France : affichettes, newsletters départementales et locales… « Nous avons dupliqué 21 annonces de cette façon, depuis septembre, et avons obtenu deux résultats ». Cette recherche sera ensuite dupliquée à tous les abonnés. « On envisage aussi d’investir les panneaux lumineux des communes pour rechercher des correspondants ».

Nous avons interrogé la direction de Ouest-France sur ses liens ou non avec le Collectif national des correspondants locaux de presse qui s’est monté en association en 2021, créé justement à l’initiative par des CLP de Ouest-France. Louis Echelard, PDG du Groupe, répond par la négative. Un simle premier contact avait été établi à la formation du collectif en 2020, après le confinement. « On ne les pas contactés depuis pour des pistes de recrutement. Cette association a pour leitmotiv de revoir le statut de correspondant. Or, ce n’était pas à l’ordre du jour de notre travail avant l’été ». Ce qui n’est pas tout à fait exact. Le collectif, à qui Info’Com-CGT avait apporté son soutien au démarrage, souhaite avant tout avoir une reconnaissance du travail des correspondants, qui passe par la rémunération (un sondage auprès des correspondants est toujours en ligne sur notre site).

Comment « garder » les correspondants ?

En dehors de la problématique de recrutement, la direction de Ouest-France affiche travailler sur un autre axe : la fidélisation et l’animation du réseau de correspondants. Des groupes de travail existent déjà dans la plupart des départements, et les rédactions de Ouest-France ont l’habitude d’organiser des réunions régulières avec leurs correspondants.

Ouest-France, à la différence de Publihebdos qui traîne des pieds pour s’attaquer de front au sujet des correspondants, pense que la fidélisation passe aussi par la revalorisation de la rémunération. « On a décidé de doubler la prime web annuelle, passant de 25 à 50 euros ». Une différence notoire avec Actu.fr (Publihebdos), où les articles de correspondants sont partagés allégrement alors que leurs publications web rapportent zéro à leurs auteurs.

Pour rappel, la rémunération des correspondants de Ouest-France se base sur un système de points selon les articles, la valeur d’un point oscillant autour de 1 euro (1,04 euro en zone rurale, 0,96 euro en zone urbaine).

A notre demande, la direction de Ouest France a rappelé sa grille moyenne de rémunération : 7 euros la brève, 25 euros l’article valorisé, 4 euros la photo, 10 euros la photo-légende… De quoi faire tousser les correspondants Publihebdos

Nous avons en effet rappelé à la direction de Ouest-France les rémunérations encore plus au rabais dans notre entreprise et les problématiques que cela soulève davantage pour recruter sur nos zones. Sans parler de la fidélisation de nos correspondants qui échangent avec ceux de Ouest-France sur le terrain et qui pour le même travail, un même rendez-vous et le même temps passé à rédiger, sont payés jusqu’à trois moins.

Si des disparités existent selon les zones éditeurs, justifiées par des «  raisons historiques », nous avons donné l’exemple du Calvados, où un correspondant est payé 8 euros un article classique dans un bi-hebdo, quelque soit la taille, le sujet, le temps passé, la distance parcouru. Certes, un système de bonus de 4 euros existe pour récompenser les « bons papiers », mais cela reste à la marge, et la rémunération dans ce journal n’a pas bougé depuis 30 ans, en dépit des demandes faites par la rédaction.

Mais Louis Echelard a une réponse à ça : « dans les hebdos, chaque titre a sa personnalité. Il y a des différences entre hebdos. Il est plus facile d’harmoniser dans de grands quotidiens ».

Or, qui mieux que les correspondants eux-mêmes, réunis dans le collectif, pour résumer leur situation générale : « nous sommes entre 30 000 et 40 000 en France et remplissons jusqu’à 75% des pages locales des journaux. Pour ce travail, nous percevons des honoraires moyens de 4,76 € de l’heure ». Il est vrai que les justifications « historiques » ou de « personnalité » des journaux, pour ces travailleurs de l’ombre, cela leur fait de belles jambes.

En ce qui concerne le statut des correspondants locaux de presse, qui, rappelons-le, sont des travailleurs indépendants, Louis Echelard à son avis sur la question : « nous considérons que ce statut doit être préservé car ils sont liés au fonctionnement de nos journaux. Tous ces relais, il faut les entretenir ».

Quid des mutualisations des CLP de Ouest France avec les autres journaux de ses filiales ? A Ouest-France, une expérimentation concernant une dizaine de correspondants, a été réalisée avec la Presse de la Manche, dans la Manche et dans le Cotentin. Une expérimentation similaire avait été entreprise il y a trois ans avec les Journaux de Loire. « On est en discussion avec Publihebdos sur nos zones communes, car on ne veut pas se piquer des correspondants, mais il faut fluidifier les relations entre les filiales concernées ». Certains correspondants peuvent travailler pour un titre de Publihebdos et pour Ouest-France, « mais pas dans les mêmes communes » assure Christian Lerosier. Nous avons pourtant connaissance d’une zone commune où par le passé, Ouest-France a demandé à son correspondant sportif, qui était aussi correspondant local pour Publihebdos de couvrir aussi également de la commune, sans concertation préalable avec sa filiale.

*635 536 journaux (diffusion totale 2021-2022), Source ACPM.