Le combat de l’égalité réelle des droits pour les travailleurs et travailleuses en situation de handicap n’est pas réservé aux spécialistes. Il concerne chacun·e d’entre nous, et toutes nos équipes syndicales peuvent porter, défendre et orienter les demandes en matière d’accessibilité et de droits. La question du handicap reste pourtant encore trop souvent éloignée de nos priorités, comme si elle ne nous impliquait pas toutes et tous. C’est une erreur stratégique et politique.

Depuis des décennies, les politiques publiques ont organisé ce qu’on appelle l’institutionnalisation : une logique qui place les personnes en situation de handicap dans des structures spécialisées plutôt que dans le droit commun. Ce système produit de la dépendance, limite l’accès au travail ordinaire, restreint l’autonomie et prive des droits fondamentaux. Il adapte les individus à un monde qui ne bouge pas, au lieu d’exiger que la société s’adapte à toutes et à tous. Résultat : l’exclusion des personnes handicapées n’est pas un accident, mais une construction politique que nous devons déconstruire collectivement.

À cela s’ajoute le validisme, cette norme invisible qui considère les personnes valides comme la référence. Il traverse l’école, l’apprentissage, les études supérieures, le monde du travail, les établissements ou services d’aide par le travail (Esat), et jusque dans nos propres pratiques syndicales. Il produit des obstacles systématiques que nous avons la responsabilité de dénoncer et de combattre, partout où ils se manifestent, afin de garantir l’égalité des chances, l’accès effectif aux droits et le respect de la dignité.

Pour être à la hauteur, nous devons nous former, sérieusement et collectivement, aux enjeux de l’accessibilité, des droits des travailleurs et des travailleuses handicapé·es et de la lutte contre le validisme. Nous devons travailler avec les associations, les collectifs, les militant·es du terrain, pour monter en compétence, confronter nos pratiques, déconstruire nos préjugés. Et nous devons sensibiliser largement l’ensemble de nos adhérent·es, élu·es et mandaté·es : nul n’est extérieur à ces enjeux, tout le monde peut agir, orienter, accompagner.

L’heure est à la mobilisation, à la construction d’un syndicalisme réellement inclusif, à la conquête de droits pleins et entiers pour toutes et tous. Faisons de l’accessibilité une réalité concrète et visible !