Les technologies du numérique sont antisociales

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Syndicalistes Debout ! Billet d’actualité n°17

L’Équipe, Carrefour, Alsthom… La robotisation, les plates-formes, l’intelligence artificielle sont invoquées pour bouleverser les méthodes de production. Elles sont présentées comme une fatalité, une part de chair humaine doit leur être livrée sur l’autel du progrès numérique. Décryptage.

Les prophètes annoncent de massives destructions d’emplois, voire la fin du Travail. Ces prévisions cataclysmiques oublient cette question : À qui les producteurs vendront tous leurs « produits intelligents » ?

Ces prophéties construisent un discours appelant les salariés à se soumettre aux inéluctables destructions. Pourtant on ne voit nulle part les faramineux gains de productivité annoncés par « l’économie numérique », qui permettraient une vraie reprise économique.

Un paradoxe de l’ère digitale, ces faibles gains de productivité ?

 

Le triomphe des rentiers

Le pouvoir est exorbitant des « entreprises superstar », qui conduit à la formation de rentes astronomiques. La société « devient toujours plus riche, mais tous les gains vont à ceux qui possèdent les robots ».

Le décrochage du salaire par rapport à la productivité du travail est manifeste. Une « rente de monopole » s’est établie en rémunération d’une position spéciale occupée par la firme. La baisse de la part salariale s’explique par un déplacement de la répartition des revenus en faveur de cette rente.

 

Richesse monopolistique pour investissement minimal

En tête du classement établi selon ce critère, se trouvent les GAFAM, Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.

Exemple ? Amazon. La fortune personnelle du patron, Jeff Bezos, a dépassé 100 milliards de dollars fin novembre. La capitalisation boursière d’Amazon a atteint 586 milliards de dollars. Des chiffres qui ridiculisent nos « géants » français du CAC 40, qui se sont répartis 50 petits milliards d’euros de profits semestriels.

C’est quoi, Amazon ?  Une société de livraison en ligne…

Apple à Jersey, Facebook aux îles Caïmans… comme toutes les mafias, ces gangs règnent sur les paradis fiscaux. Selon les Paradise Papers, 40% des profits des multinationales sont délocalisés dans les paradis fiscaux.

Les technologies de l’information permettent, sans investissement initial massif, d’établir une position de marché dominante. C’est la montée de cette rente de monopole, dont une partie est redistribuée aux dirigeants, qui explique la baisse de la part de la valeur créée allant aux vrais salariés. La corrélation est forte entre la montée des technologies de l’information, la baisse du prix de l’investissement et le recul de la part salariale.

 

Le « numérique » relaie la montée de la précarité contre l’emploi

Selon la légende urbaine, le flux permanent d’innovations numériques porte la concurrence à son paroxysme. Mais les forces qui tendent vers une plus grande concentration du marché l’ont emporté sur les forces de l’innovation numérique qui stimulent la concurrence, conduisant à des marchés où le gagnant rafle tout.

En favorisant tous ces emplois hors salariat nommés « bullshit jobs » (emplois à la c…), les nouvelles technologies favorisent la précarisation qui « interagit » avec les phénomènes de rente. Aux Etats-Unis, 94 % des créations nettes d’emplois entre 2005 et 2015 correspondent à ces bullshit jobs. En Europe et en France, le mécanisme est semblable : la précarisation contribue à empêcher les salaires et l’emploi de redémarrer malgré une légère reprise. Les innovations technologiques relaient puissamment la montée de la précarité.

 

Non, la technique n’est pas neutre !

Non, les nouvelles technologies ne contiennent pas leur mode d’emploi pour une utilisation prédéterminée. Le progrès technologique n’est pas une force divine, à laquelle la société n’aurait d’autre choix que de s’adapter. Cette remise en cause de la neutralité de la technique pose la vraie question : qui détermine la mise en œuvre des nouvelles technologies et comment la contrôler ?

 

C’est pourquoi Info’Com CGT revendique le contrôle avec droit de veto des salariés sur l’implantation de toute nouvelle technique, avec l’exigence de la priorité automatique donnée au travail humain, au CDI, à l’embauche, des jeunes en particulier.

 

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