Ouvriers : La reconversion professionnelle au cœur de notre projet syndical

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Réflexions, analyses et orientations issues de notre 2e congrès. Saisissez ici l’occasion de vous exprimer, de donner votre avis, de témoigner ou de faire part de votre expérience en postant un commentaire en bas de cette page.

 

OUVRIERS

LA RECONVERSION PROFESSIONNELLE
AU CŒUR DE NOTRE PROJET SYNDICAL

 

L es ouvriers occupaient 40 % des emplois dans les années 1950 et formaient, à l’époque, la catégorie professionnelle et sociale représentative d’un monde du travail solidaire, notamment dans la presse. Le patronat n’a eu de cesse de démembrer ce rapport de forces, garant d’avancées sociales majeures, au profit de l’individualisation du travail.

Pays industriel de longue date, la France reste une nation de forte présence ouvrière : on comptait, en 2007, plus de 6 millions d’ouvriers, pratiquement un quart (23 %) de la population active. Depuis, la casse du secteur industriel se poursuit à une vitesse effrénée dans l’Hexagone. Ces trois dernières années, un millier d’usines ont fermé et 150 000 emplois ont été supprimés.

DES ÉVOLUTIONS PROFESSIONNELLES RÉUSSIES

La forte diminution du nombre d’ouvriers dans nos secteurs s’explique, en partie, par l’automatisation des process et la numérisation des outils industriels. Depuis de nombreuses années, le nombre de salariés à statut ouvrier dans la filière du prépresse est en constante régression.

En presse quotidienne nationale ou régionale, depuis le milieu des années 2000, de nombreux salariés du prépresse ont bénéficié d’évolutions professionnelles leur permettant de bénéficier d’un statut différent et évolutif par rapport à celui qu’ils occupaient à l’origine : certains sont devenus journalistes et d’autres cadres administratifs ou techniques.

L’ACTION DU SYNDICAT

La bataille du repositionnement professionnel (passage du statut d’ouvrier du Livre à ceux de journaliste ou cadre) et de la formation aux techno-logies numériques a été et doit rester une orientation revendicative primordiale de notre syndicat pour la préservation des emplois. Ces axes doivent être développés, portés et maîtrisés syndicalement dans une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) positive, axée sur une meilleure maîtrise des outils, une anticipation des besoins et des évolutions professionnelles permettant un enrichissement tant pour le salarié que pour l’entreprise.

Depuis, cette évolution permet d’envisager de nouvelles perspectives professionnelles dans l’environnement rédactionnel soumis à des transformations importantes liées à l’arrivée des nouvelles technologies de communication dans le traitement de l’information. Ce repositionnement professionnel n’a été possible que grâce à un rapport de forces évident de la CGT et de notre syndicat. Depuis une trentaine d’années et l’arrivée de systèmes informatisés, il est presque devenu naturel pour nos camarades de s’inscrire dans des formations professionnelles appropriées et de qualité.

ANTICIPER LES CHANGEMENTS

Sans possibilité d’évolution statutaire, cette logique s’applique aussi à nos camarades qui demeurent encore aujourd’hui ouvriers du Livre. En 2006, la Société anonyme de composition et d’impression des Journaux officiels (Sacijo) s’est engagée dans une GPEC qui a permis le repositionnement de chaque salarié dans les secteurs traditionnellement fermés de la Direction de l’information légale et administrative (Dila) aux salariés de la société ouvrière. La création des structures mutualisées a permis d’accueillir quatre-vingt-six de nos camarades qui ont pu évoluer vers des fonctions totalement différentes de celles effectuées jusqu’alors par des salariés relevant des services du Premier ministre.

De même, nos camarades de l’International Herald Tribune, de Publications Elysées ou du Parisien peuvent aujourd’hui effectuer différentes tâches techniques dans l’environnement rédactionnel ou au sein de la régie publicitaire de ces entreprises. Au sein de L’Équipe, un de nos camarades devenus journalistes en 2007 exerce aujourd’hui, au sein de la structure audiovisuelle du journal sportif, ses compétences en tant que journaliste.

POUR DE NOUVELLES QUALIFICATIONS DANS LA PUB

Malheureusement, nous ne pouvons pas faire le même constat dans les actions syndicales que nous avons menées pour les ouvriers dans le secteur de la publicité. Souvent préparateurs ou afficheurs, les salariés des entreprises de l’affichage extérieur sont confrontés à la digitalisation du secteur. Que ce soit à Médiarail‑Médiagare, CBS Outdoor (devenu récemment Exterion Media suite à la cession de cette activité de l’affichage par la société mère américaine CBS) ou encore JC Decaux, Clear Channel… nous sommes confrontés à un blocage des directions qui empêchent les évolutions professionnelles. Le syndicat revendique une nouvelle qualification, les « technico-afficheurs », qui doivent être en capacité d’entretenir, réparer et programmer des campagnes d’affichages numériques sur ces supports.

Les ouvriers de la publicité ont un métier pénible qu’ils exercent par tous les temps et où l’usure physique, les gestes à répétition, le travail difficile dans le cadre d’installations dégradées produisent des dégâts irréversibles sur la santé. Cette pénibilité exige une retraite anticipée. La logique patronale combat, au niveau de la branche et dans l’entreprise, une amélioration des conditions de travail et une reconnaissance de la pénibilité du métier d’affi-cheur. La négociation sur la question n’avance en rien depuis 2007 ! Pire, les directions tentent par tout moyen d’évincer les ouvriers du secteur et de s’exo-nérer de toute responsabilité sociale. Elles favorisent l’externalisation du travail et tentent d’imposer le statut d’auto-entrepreneur afin de contourner leurs obligations légales dans le cadre d’un reclassement dans l’entreprise. Notre action a permis de limiter ce phéno-mène par l’intervention d’élus et du syndicat afin de préserver la charge de travail en revendiquant le rapatriement d’une partie de cette charge externalisée.

INFO’COM-CGT S’ENGAGE, REVENDIQUE ET DÉCIDE

  • Développer une activité revendicative importante pour faire reconnaître la pénibilité dans les négociations de branche ou d’entreprise.
  • Continuer notre action pour permettre et faire reconnaître pour tous  les ouvriers le droit à la formation et à des repositionnements professionnels quand le métier est menacé de disparition.
  • Actualiser les définitions d’emploi liées aux responsabilités réellement exercées (qualifications et fonctions).
  • Promouvoir une plus grande place des femmes dans cette catégorie très majoritairement masculine.
  • Mener une campagne syndicale pour la dignité et la revalorisation du statut d’ouvrier.
  • Défendre la revendication d’une retraite anticipée.
  • Agir et mener une action ferme pour améliorer les conditions de travail des ouvriers exerçant des travaux pénibles.
  • Défendre énergiquement les emplois face à la sous-traitance, aux délocalisations et aux suppressions de postes.

ET VOUS ? QU’EN PENSEZ-VOUS ?